DéFormater !

La newsletter qui explore les formes de narration. Je n’aime pas les textes formatés par les algorithmes. Je converse ici avec les vraies gens qui racontent des histoires. Avec l'Intelligence humaine.

image_author_Valérie_Van Oost
Par Valérie Van Oost
Partager cet article :

Téléréalité : écrire derrière les caméras...

Au programme : jouer avec la réalité pour fabriquer une histoire, un livret qui a du punch et une bouteille à la mer.

Bonjour,

Je ne sais pas vous, mais moi je suis en forme olympique pour aborder la rentrée. Je suis ravie de vous retrouver avec une conversation autour d’un sujet qui m’intriguait : la fabrique à histoires de la téléréalité.

LA CONVERSATION

Comment jouer avec la réalité pour fabriquer une histoire ? 

Les écrivains racontent qu’au fil de l’écriture les personnages leur échappent. Mais ils ne font pas tout ce qu’ils veulent ! Comment écrit-on une histoire quand ce sont les personnages qui décident ? Comment se sert-on de leur quotidien pour créer des intrigues ? Est-ce de la fiction ou de la réalité ? Voilà toutes les questions qui se bousculaient quand je suis entrée dans le bureau de Jean-Louis Blot, patron d’Endemol France, dont les fondateurs sont à l’origine de la téléréalité. A son programme : Star AcademySecret StoryLOLDrag Race France, etc. Jean-Louis aime avant tout raconter des histoires. Nous avons discuté d’écriture, d’enjeux dramatiques, de quête du héros, de message social et de Sergio Leone. Conversation sans caméra.

L’idée de fabriquer une histoire en filmant des gens m’intrigue, comment ça marche ?

La définition de base de téléréalité, c'est mettre des gens normaux dans une situation extraordinaire ou des gens extraordinaires dans une situation normale. Après il existe plusieurs façons de la fabriquer. Ici, on fait de la téléréalité d'enfermement en j +1. Tu enfermes x personnes dans un lieu, filmées par 80 ou 90 caméras et tu livres, le lendemain, une émission de 45 minutes qui raconte ce qui s'est passé la veille. Les relations qui se nouent, les possibilités d'histoires d'amitié, d'amour, de détestation… 

Tu pars d’une histoire quand même ? 

Pas d’une histoire, d’une situation que tu contrôles. Tu contrôles les gens que tu mets dedans, mais tu ne contrôles pas leur réaction. Tu ne peux pas savoir ce qu’ils vont ressentir, s’il va y avoir un coup de cœur entre deux personnes ou si elles vont se détester. On ajoute des stimuli, c'est-à-dire des épreuves, des jeux principalement, pour tester les relations entre les gens. Pour construire une histoire, on part d’une relation. Cette histoire va peut-être représenter 1% de la relation des personnes pendant une journée, mais constituer 95% de notre émission.

Quand tu écris de la fiction, tu écris des fiches personnages, tu sais ce qu’ils aiment ou détestent, qui ils sont et ce qu’ils vont devenir. Comment on trouve les personnages d’une émission, vous définissez des catégories de personnes pour les faire entrer dans la situation de départ ?

On fonctionne sans catégories. Au casting, on sélectionne des personnes qui seraient bien. A partir de trois ou quatre, qui nous apparaissent comme des évidences, on commence à avoir une photo d'ensemble. On ajoute alors les personnages qui pourraient nous manquer. Peut-être comme dans un roman où tu vois après les personnages secondaires… Mais dans nos quatre évidences, on peut se tromper. On caste quelqu’un en se disant qu’il est génial et puis ça fait pschitt une fois qu'il est dans l'aventure ! 

Il n’y a pas de tests psychologiques pour avoir des typologies de personnages ?

...