DéFormater !

La newsletter qui explore les formes de narration. Je n’aime pas les textes formatés par les algorithmes. Je converse ici avec les vraies gens qui racontent des histoires. Avec l'Intelligence humaine.

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Par Valérie Van Oost
5 mars · 4 mn à lire
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Pas d’ennui au musée

Au programme : une conversation avec une scénographe sur l’écriture d’exposition, un format d’histoire qui a de l’endurance et une question de poids entre 1500 mots et 1 dessin.

Bonjour,

Merci d’être au rendez-vous pour ce tout premier numéro de “DéFormater” ! Partagez cette newsletter si vous l’aimez. Réagissez si vous en avez envie. Dites-moi ce qu’elle vous inspire et si vous l’appréciez, un peu, beaucoup, passionnément. Ou pas du tout (mais ça commencerait mal entre nous).

LA CONVERSATION

Pas d’ennui au musée 

J’avais interviewé Juliette Dupuy sur le travail scénographique de l’exposition Black Indians de la Nouvelle-Orléans au Musée du Quai Branly. Nous avions traversé les différentes salles décrites comme des chapitres et le parallèle avec l’écriture était frappant. J’ai eu envie de revenir avec elle pour une nocturne au musée. Nous avons parcouru ensemble Visions chamaniques pour discuter du lien entre l’écriture scénographique et d’autres modes de narration. Conversation garantie sans ayahuasca.

A l’entrée de Black Indians, avec le costume spectaculaire de Big Chief, tu avais parlé de la première impression du visiteur comme d’un incipit.

J’apporte toujours un soin particulier à l’introduction et à la conclusion d’une expo. Le premier contact avec le visiteur est essentiel. Il y avait une typographie noire et imposante pour souligner la violence et un jeu de lumières colorées pour évoquer la résilience. Tout au long de l’exposition, je voulais jouer entre la noirceur et la lumière. Il y a quelque chose de l’incipit d’un roman. J’ai abandonné certains livres dès les premières pages. Ici, c’est hyper intéressant [nous sommes devant un mur entièrement graphique, première vision de cette expo que nous découvrons ensemble]. Il y a un parti-pris fort qui crée un ressenti propre à chacun. Une émotion même si je ne sais pas encore où cela va m’emmener.

Black Indians/©Frédérique Toulet

Visions chamaniques/©Musée du Quai Branly

Quand il n’y a pas cette émotion, tu t’en vas comme tu abandonnes certains livres ?

Je peux me forcer à aller au bout d’un livre et dans une expo je ne fais pas demi-tour ! Je continue la visite, mais de manière plus superficielle. Je reste en surface du sujet… Si tu veux transmettre quelque chose ou des clés d’interprétation, ça se joue dans l’introduction.

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