Au programme : une conversation sur les textes qui prennent corps au théâtre, un podcast pour déclarer sa flamme et un salon du livre pour parler actualité et fiction.
Bonjour,
Bienvenue dans cette nouvelle édition et aux nouveaux abonnés. Chaque mois, je vais à la rencontre d’artistes des récits, d’artisans de la narration, de magiciens des mots, des images ou des sons pour explorer leur processus créatif.
Comment adapter un roman pour le théâtre ? Comment fait-on résonner un classique ? Comment raconter, après MeToo, une tragédie créée avant Jésus-Christ ? Anne-Laure Liégeois met en scène Phèdre de Racine, avec Anna Mouglalis. En balade au Père-Lachaise, nous avons parlé de Thésée, mâle dominant ; d’un désir féminin qui dérange encore ; de l’adaptation d’auteurs morts et nous en avons même croisé un vivant…
Tu as mis en scène de nombreux textes antiques et classiques, qu’est-ce qui te donne envie de les revisiter ?
Ce qui m’importe c’est de raconter des histoires. Parce que raconter des histoires, c’est parler aux gens d’eux, parler du monde, du monde dans lequel on est. C’est aussi se raccrocher à notre Histoire.
Avec Phèdre, on a affaire à plusieurs histoires. La première en 428 avant Jésus-Christ avec Euripide, dont s’est inspiré Racine à la fin du 17e siècle. Il y en a eu d’autres entre les deux. C’est une grande histoire qui rejoue à chaque fois notre histoire. Parce que Phèdre parle de nous.
Comment un texte va te parler ?
Pour savoir si une pièce va m’intéresser, j’ai d’abord besoin d’avoir, en la lisant, des références de couleurs, de musiques ou de sons. Que d’autres matières se soient mélangées à cette matière-là. Ensuite, je m’écoute moi-même raconter l’histoire. On est nombreux à mettre en scène Phèdre, mais on n’entre pas par la même porte, on ne raconte pas la même histoire. On va la raconter avec notre point de vue, notre sensibilité, notre rapport au monde.
Ta couleur pour Phèdre est le noir. Un spectacle monochrome.
J’ai lu cette pièce je ne sais combien de fois. Elle me poursuivait à l’école. Tous les ans, Phèdre était au programme ! Mais, dès que je l’ai lue en me disant que c’était le moment de la mettre en scène, J’ai vu du noir et un parquet ! C’est du noir dans le noir. Parce que, quand les corps, d’un seul coup, apparaissent, ils apparaissent beaucoup plus violemment.
C’est aussi pour montrer le pouvoir. C’est une pièce sur le pouvoir et sur ce qu’il raconte. Ce n’est pas mon sujet favori, mais j’aime bien avoir le triangle l’amour, la mort, le pouvoir. Je le tourne…
© Christophe Raynaud de Lage
C’est le triangle avec lequel tu joues pour choisir tes textes ?
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