Plans cultes de l'été

Au programme : Des lieux à aimer, des livres à dévorer

DéFormater !
5 min ⋅ 05/08/2025

Bonjour,
Un lieu à aimer, un livre à dévorer. C’est le combo parfait de l’été. 
Pas de conversation thématique en août. J’ai proposé des devoirs de vacances à plusieurs invités de cette newsletter. Je leur ai demandé de partager des adresses et des lectures. Une autre façon de les découvrir.
Un grand merci à eux d’avoir été studieux et à vous, chères lectrices et chers lecteurs, d’être fidèles au rendez-vous.
Bonnes lectures estivales.

ENTRE LES LIGNES ET LES LIEUX

Nathalie Longevial, autrice
Un livre - Le dernier chasseur de Charles Fox que j’ai lu à l’adolescence. J’y pense encore. L’histoire de trois hommes perdus dans la forêt aux États-Unis qui tentent de survivre au froid et à la faim. C’est cruel et onirique. J’avais 14 ans et je l’ai toujours dans ma bibliothèque. 
Un lieu - Cadaqués, Begur et Port Lligate sur la Costa Brava. Je suis convaincue qu’on est façonné par les lieux qu’on traverse. J’y ai passé mon enfance, j’y ai grandi en bande, avec une liberté totale. Là-bas, je retrouve toujours un sentiment de liberté et de plénitude. 
(Re)découvrez l’interview de Nathalie : La littérature Feel Good a-t-elle un sexe ? 

Chloé Perrot, plume et autrice
Un lieu et des livres – Je pense aux boîtes à livres. C'est une parfaite application du principe de sérendipité : contrairement aux algorithmes de recommandation qui nous restreignent dans nos choix, les boîtes à livres nous confrontent à l'imprévu, au choix d'un.e inconnu.e qui a déposé là ses lectures. Cela me fait des souvenirs de voyage incarnés et dont je me sers vraiment ! Chaque livre glané porte en lui la trace du lieu où je l'ai trouvé, qui n'est plus simplement un point sur une carte, mais dessine une cartographie personnelle où la géographie et la lecture s'entremêlent. Enfin, parce qu'on y trouve souvent des livres tombés en désuétude et qui ont une chance d'échapper au purgatoire de l'oubli grâce à ces micro-bibliothèques sauvages.
Cette année, j'ai ainsi découvert La Bâtarde, l'autobiographie de Violette Leduc, dans une boîte à livres de Pont-Audemer - je la connaissais, mais ne l'avais jamais lue. A Carantec, j'ai trouvé une biographie d'Ivan le Terrible par Henri Troyat et une série de romans historiques de Michel Zévaco, l'un de ces auteurs populaires du début du XXe siècle que l'on a, me semble-t-il, oublié aujourd'hui, mais qui reflète l'imaginaire collectif de son époque, qu'il a contribué à alimenter.
(Re)découvrez l’interview de Chloé : discours politique, le masque et la plume

Gilles Verdiani, journaliste, auteur et scénariste
Un livre - Le Cycle des contrées de Jacques Abeille. J'ai découvert Jacques Abeille grâce à un entretien sur France Culture, quelque temps avant son décès en 2022, et après avoir lu bouche bée Les Jardins statuaires, je poursuis avec Le Veilleur du jour. Ce sont en tout 8 romans, publiés entre 1982 et 1993, qui forment Le Cycle des contrées. Cette fresque d'heroïc fantasy décrit avec patience et minutie, à travers les aventures mystérieuses de quelques individus, la chute d'une civilisation. Aujourd'hui encore, le nom d'Abeille n'est connu que de quelques initiés enamourés. Mais je suis sûr qu'il sera prochainement reconnu comme le très grand écrivain qu'il est, une sorte de chaînon manquant entre Tolkien (pour les enjeux et le décor), Borges (pour la mise en mythe de l'idéal culturel), Haruki Murakami (pour la création d'une atmosphère par la lenteur et l'accumulation de détails) et les bandes dessinées de Schuitten & Peters (pour la création de mondes imaginaires). 
Un lieu - Le temple de Poséidon au Cap Sounion en Grèce, un des endroits (comme Assises ou la grotte Chauvet) où le sacré est palpable. Plus le temps passe, plus le lien des Européens avec la Grèce me semble retrouver toute sa vigueur - en tous cas je me sens plus grec que jamais, moi qui suis né à Marseille, je voudrais qu'à ma mort mes cendres soient dispersées au Cap Sounion. 

(Re)découvrez l’interview de Gilles : Du scénario de série au roman-feuilleton

Cécile Cabanac, autrice
Un livre - Parmi mes références cultes, il y a L’année de la pensée magique de Joan Didion, sans hésitation. Un soir, son mari complice de 40 ans de vie commune, meurt d’une crise cardiaque au beau milieu de leur dîner. Pendant ce temps, à quelques kilomètres de là, leur fille se bat contre une sévère infection dans un grand hôpital new-yorkais. Joan Didion décortique alors son ressenti. C’est le témoignage poignant de ceux qui restent quand les êtres chers s’en vont. Les morts laissent derrière eux des vides immenses, comme des pièges pour les vivants. Intelligent et dénué de pathos, ce livre m’a beaucoup touchée et fait réfléchir.
Un lieu – Un lieu auquel j’ai pratiquement consacré un roman. C’est le massif des Arbailles au Pays Basque. Une zone sauvage et isolée qui s’étend sur 165 km carrés. Elle est faite de grottes, de dolines, de crevasses et elle est pleine de mythes… J’ai décidé d’y placer l’intrigue de mon roman À pleurer tout nous condamne, car c’est un décor magnifique qui peut devenir franchement inquiétant au crépuscule. Ce lieu m’a inspiré un cold-case. Il y a vingt-et-un un ans, la doctoresse Diane Trajan s’est volatilisée dans la forêt. Vingt-et-un ans plus tard, sa nièce Alice décide de reprendre l’enquête, mais, cette quête de vérité sera pour elle une véritable descente aux enfers ! 
Je conseille aux amateurs de randonnées de découvrir les sources de la Bidouze, la promenade débute dans le village de Saint Just Ibarre. C’est absolument sublime !

(Re)découvrez l’interview de Cécile : les autrices de polar ont-elles mauvais genre ?

Sonia Pavlik, poétesse et autrice
Un livre - Vie de David Hockney de Catherine Cusset. Une réflexion sur l’art de faire de sa vie un paysage coloré et lumineux. Une lecture estivale idéale.
Un lieu - A Florence, ce printemps, je suis tombée par hasard sur ce musée lors d'une promenade entre les jardins Bardini et Boboli. Absolument sublime, il est vide de touristes. Ce qui, dans cette ville, si fréquentée, mérite d'être souligné. Stefano Bardini était un antiquaire très important. Il a légué sa collection à la commune de Florence. On y admire de nombreux chefs-d'œuvre, des madones (dont une de Donatello), des dessins de Tiepolo, des sculptures et des bas-reliefs de l'atelier Della Robbia. J'avais promis à l'équipe de l'accueil d'en faire la réclame. Parole tenue !
(Re)découvrez l’interview de Sonia : la poésie sauvera-t-elle le monde ?

Juliette Garrigue, autrice
Un livre – L'art de la joie, Goliarda Sapienza : ce n'est peut-être pas très original... Mais c'est comme ça !  Près de 800 pages qui vous ensevelissent vivant et dont on ne voudrait jamais ressortir sous peine d'en mourir un peu, comme à la fin de chaque grand livre. Celui-ci a failli ne jamais être édité. C'eût été dénier sa liberté à Modesta, l'héroïne. Un petit crime en somme !
Un lieu - En haut de la rue des gras, à Clermont-Ferrand, si l'on tourne le dos au Puy-de-Dôme, on fait face à un autre lieu culte, un lieu de culte, et de recueillement, même pour la non croyante que je suis. Je sillonne rarement ma ville sans traverser de part en part sa Cathédrale, Notre Dame de l'Assomption. On la croit crasseuse, mais elle est faite de lave. 700 ans pour la bâtir, et quelques minutes de calme et de silence pour moi. En sortant, je jette un œil au hibou Grand Duc posé là par Viollet Le Duc et qui me toise. Je suis chez moi !

(Re)découvrez l’interview de Juliette : Ecrire la mer

C’est cadeau… 

“Je ne crois pas en l’existence de l’âme. Néanmoins, il me semble qu’en lisant, on finit par en avoir une.” Kamel Daoud

Prochain rendez-vous le 9 septembre, en attendant lisez ce qu’il vous plait !

En attendant, vous pouvez m’écrire et me retrouver sur LinkedInInstagram et sur mon site.

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Par Valérie Van Oost

Je ne peux pas m’empêcher de faire des interviews (j’ai un passif de journaliste). Je suis fascinée par les inventeurs d’histoires, les créateurs de récits (sous toutes les formes surtout celles que je ne sais pas fabriquer). Je sais à quel point ce travail est exaltant et difficile (moment d’ego et d’auto-congratulation : j’écris aussi des romans). 

Bref, j’ai envie, avec cette newsletter, de partir à la rencontre des artisans de la narration et de partager nos conversations. 

Entre deux newsletters, retrouvons-nous sur Instagram et LinkedIn. A bientôt !

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