A la découverte du plaisir textuel...

Au programme : une conversation sur le rapport charnel aux mots et une carte des livres interdits.

DéFormater !
7 min ⋅ 04/02/2025

Bonjour,
Février est le mois de l’amour, parait-il… Je vous propose dans cette édition d’offrir des mots. Les fleurs et les chocolats, c’est périssable !

LA CONVERSATION

Plaisir d’écrire, joie de lire

Et si on découvrait l’acte d’écrire et celui de lire sous un autre angle ? Docteure en esthétique et sciences de l'art, Camille Moreau a publié Lire, écrire, jouir – quand le texte se fait chair (La Musardine). Elle y explore le pouvoir des mots à éveiller et constituer l'expérience érotique. Nous avons discuté de plaisir textuel dans un café du quartier de Montmartre dont cette Bruxelloise est originaire.

Dans votre essai, vous expliquez le lien entre écriture, lecture et érotisme. Qu’est-ce qui vous a amené à travailler sur ce sujet ?

Je voulais travailler sur l'expérience quotidienne et mon directeur de thèse à la Sorbonne m’a proposé de faire un exposé sur la phénoménologie et l'érotisme. Je me suis rendu compte qu’il y avait quelque chose qui se jouait au niveau du langage et de l'érotisme. La question de l’Éros est peu explorée en philosophie. On parle d'amour, mais pas vraiment de chair. La littérature érotique est le seul domaine où cela a été largement exploré. En tant que philosophe, si je voulais parler de l'érotisme, il fallait que je passe par la littérature. 
Plus je creusais ce sujet et plus je découvrais que mon intuition sur le langage était juste. D’ailleurs, selon le linguiste Ivan Fónagy, l'apparition du langage viendrait du fait que l'homme a dû sublimer ses pulsions pour les communiquer à l'autre. Si le langage vient de l'envie de toucher l'autre, de manière physique, forcément, il est érotique, même si on ne parle pas de sexualité.

Ce que vous appelez la chair du texte dans votre livre, c'est ce lien singulier entre écriture, lecture et érotisme ? 

Le mot « chair » est effectivement ce que j'ai trouvé de plus parlant pour évoquer la matérialité du texte, au-delà du papier. On peut s'en servir pour toucher le lecteur. C’est ce je-ne-sais-quoi dans le texte qui vient toucher le corps à la manière de l'être humain. Le texte a la capacité de se comporter presque comme une personne avec nous. Quand on lit, quand on écrit, il y a un côté très charnel. 

Ecrire est donc un acte érotique… 

...

DéFormater !

Par Valérie Van Oost

Je ne peux pas m’empêcher de faire des interviews (j’ai un passif de journaliste). Je suis fascinée par les inventeurs d’histoires, les créateurs de récits (sous toutes les formes surtout celles que je ne sais pas fabriquer). Je sais à quel point ce travail est exaltant et difficile (moment d’ego et d’auto-congratulation : j’écris aussi des romans). 

Bref, j’ai envie, avec cette newsletter, de partir à la rencontre des artisans de la narration et de partager nos conversations. 

Entre deux newsletters, retrouvons-nous sur Instagram et LinkedIn. A bientôt !

Les derniers articles publiés